Des partenaires vitaux, des priorités communes : la stratégie de l’administration Biden pour l’Afrique subsaha
Des partenaires vitaux, des priorités communes : la stratégie de l’administration Biden pour l’Afrique subsaha
Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Le 8 août 2022
Discours
Future Africa
Pretoria, Afrique du Sud
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Merci beaucoup. Bonjour à tous. C’est merveilleux d’être ici, merveilleux d’être dans cette université extraordinaire. Je tiens à remercier le professeur Maharaj et toute la direction de l’Université de Pretoria, de nous accueillir aujourd’hui sur ce magnifique campus.
Et Madame la ministre, mon amie Naledi, merci pour cette généreuse présentation. Mais merci surtout pour le partenariat que nous avons noué, pas seulement entre nos pays mais en fait entre nous, ce que j’apprécie énormément. Et je vous en remercie.
Permettez-moi de commencer également en souhaitant la bienvenue à quelqu’un d’autre, notre ambassadeur désigné en Afrique du Sud, Reuben Brigety, qui présentera ses lettres de créance au président Ramaphosa cette semaine. Ruben, où êtes-vous ? (Applaudissements.)
Reuben a précédemment été ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union africaine, entre autres postes de haut niveau au sein de notre gouvernement, ainsi que président et doyen de plusieurs universités. Il ne peut pas y avoir de meilleur garant des relations entre nos nations.
Pour moi, c’est tout simplement merveilleux d’être de retour en Afrique du Sud. J’ai en fait déjà eu le privilège m’y rendre à plusieurs reprises, notamment avec le président Clinton, le président Obama et le vice-président Biden. Et les impressions de ces visites demeurent profondément gravées dans ma mémoire.
J’ai vu le président Clinton s’adresser à votre parlement, le premier président américain à le faire, rejoint par une délégation du Caucus noir du Congrès, dont beaucoup de membres étaient de fervents partisans du mouvement anti-apartheid, et qui représente une partie de la vaste diaspora africaine qui enrichit les liens entre nos nations.
J’ai vu notre premier président noir, le fils d’un père kenyan et d’une mère américaine, se tenir dans la cellule de deux mètres sur deux de Robben Island dans laquelle a été emprisonné le premier président noir d’Afrique du Sud.
J’ai entendu le bourdonnement des vuvuzelas lorsque l’équipe masculine des États-Unis a participé à la première Coupe du monde jamais organisée en Afrique. On ne pourra jamais oublier certains de ces sons, et certaines éliminations en début de parcours font encore mal. (Rires.) Mais l’espoir est éternel.
Aujourd’hui, comme l’a dit Madame la ministre, j’ai l’honneur de présenter la nouvelle stratégie de notre gouvernement pour le partenariat entre l’Afrique subsaharienne et les États-Unis. C’est une stratégie qui s’appuie sur la vision large de l’engagement de notre pays dans la région que j’ai eu l’occasion de présenter en novembre dernier au Nigéria.
Le campus de Future Africa est un lieu particulièrement approprié pour définir cette stratégie. Il s’agit d’une institution dont la mission est de rassembler des personnes de disciplines, d’horizons et de nationalités différents pour relever certains des défis les plus épineux de notre époque.
Notre avenir dépend des jeunes, tels les universitaires et les spécialistes qui viennent ici pour étudier. Et, comme vous l’avez entendu, d’ici 2050, une personne sur quatre sur la planète que nous partageons sera africaine. Ceci façonnera le destin non seulement de ce continent, mais aussi du monde entier.
C’est également approprié parce que la lutte de l’Afrique du Sud pour la liberté, ainsi que le courage et les sacrifices de ceux qui l’ont menée, continuent d’inspirer les peuples du monde entier. Nous savons que dans votre pays, comme dans le nôtre, la longue marche vers la liberté n’est pas terminée. Pourtant, les progrès remarquables que vous avez réalisés sont visibles tout autour de nous.
En 1956, 156 militants ont été arrêtés pour avoir organisé le soutien à la Charte de la liberté, un document qui avait l’audace de prétendre que l’Afrique du Sud appartenait à son peuple. Lorsque le procès pour trahison a commencé ici à Pretoria, on trouvait parmi les accusés l’un des rédacteurs de la charte, le professeur Z.K. Matthews, et un militant prometteur de l’ANC, Joe Matthews – père et fils, et grand-père et père de la femme qui est aujourd’hui ministre des Relations internationales et de la Coopération en Afrique du Sud, la docteure d’université Naledi Pandor. (Applaudissements.)
Et peut-être tout aussi important pour ce public, ce titre de « docteure » devant le nom de la ministre a été acquis ici à l’Université de Pretoria.
Nous voyons ce progrès également dans les réalisations de vos compatriotes sud-africains, les récents triomphes des Banyana Banyana, chez les femmes, et ceux des Springboks, chez les hommes. (Applaudissements.) Les influences musicales persistantes de Makeba et Masekela, les déhanchements aux rythmes nouveaux de l’amapiano et des DJ comme (applaudissements), voilà, des DJ comme Black Coffee, qui vient de remporter un Grammy.
Enfin, il convient de définir notre stratégie ici en Afrique du Sud car il existe un lien vraiment profond entre nos nations et nos peuples, et tout ce que nous avons en commun en tant que démocraties dynamiques dont la diversité est notre plus grande force.
Notre stratégie est ancrée dans la reconnaissance du fait que l’Afrique subsaharienne est une force géopolitique majeure, qui a façonné notre passé, façonne notre présent et façonnera notre avenir.
C’est une stratégie qui prend en compte la complexité de la région – sa diversité, sa puissance et son influence – et qui se concentre sur ce que nous ferons avec les nations et les peuples africains, pas pour les nations et les peuples africains.
En clair, les États-Unis et les pays africains ne peuvent parvenir à l’accomplissement d’aucune de nos priorités communes, qu’il s’agisse de se rétablir suite à la pandémie, de créer des opportunités économiques à grande échelle, de faire face à la crise climatique, d’élargir l’accès à l’énergie, de revitaliser les démocraties, de renforcer l’ordre international libre et ouvert, nous ne pouvons rien faire de tout cela si nous ne travaillons pas ensemble en tant que partenaires égaux.
Aujourd’hui, je voudrais donc me concentrer sur quatre priorités que nous pensons devoir aborder ensemble et qui sont au cœur de la stratégie des États-Unis pour l’Afrique subsaharienne.
Premièrement, nous favoriserons l’ouverture, c’est-à-dire la capacité des personnes, des communautés et des nations à choisir leur propre voie et à façonner le monde dans lequel nous vivons.
Lorsque les dirigeants des nations africaines nouvellement indépendantes se sont réunis en 1963 pour créer l’Organisation de l’unité africaine, l’organisme qui a précédé l’Union africaine, c’est ainsi qu’ils ont commencé la charte : « Convaincus que c’est le droit inaliénable de tous les peuples de contrôler leur propre destin. »
C’était une conviction née de la lutte de générations d’Africains dont le destin avait été déterminé par les puissances coloniales. Ce droit inaliénable dépend d’un système de règles et de principes que les Africains ont contribué à façonner au fil des décennies grâce à leur leadership au sein d’institutions telles que les Nations unies et l’Union africaine.
Et pourtant, trop souvent, les nations africaines ont été traitées comme des instruments du progrès des autres nations plutôt que comme les auteurs du leur. À maintes reprises, on leur a dit de choisir un camp dans les rivalités entre de grandes puissances qui semblent très éloignées des luttes quotidiennes de leur peuple.
Les États-Unis ne dicteront pas les choix de l’Afrique. Personne d’autre ne doit le faire non plus. Le droit de faire ces choix appartient aux Africains, et aux Africains seuls.
Simultanément, les États-Unis et le monde se tourneront vers les nations africaines pour défendre les règles du système international qu’ils ont tant fait pour façonner. Il s’agit notamment du droit de chaque pays au respect de son indépendance, de sa souveraineté, de son intégrité territoriale, un principe en jeu aujourd’hui en Ukraine.
Nous pensons que toutes les nations doivent pouvoir défendre le droit d’un pays à ne pas voir ses frontières redessinées par la force, car si nous permettons que ce principe soit violé où que ce soit, nous l’affaiblissons partout.
L’ouverture, cela signifie également créer des voies pour la libre circulation des idées, des informations et des investissements, ce qui, au XXIe siècle, nécessite une connectivité numérique. Ainsi, les États-Unis travaillent en partenariat avec les gouvernements, les entreprises et les entrepreneurs africains pour construire et adapter l’infrastructure qui permet cette connectivité – un Internet ouvert, fiable, interopérable et sécurisé ; des centres de données ; l’informatique dématérialisée.
C’est ce qui s’est passé en mars, lorsque le Mozambique est devenu le premier pays africain à utiliser sous licence la technologie Starlink de SpaceX. Cette technologie fait usage de satellites pour fournir un service Internet, et contribuera à en élargir l’accès et à réduire les coûts correspondants pour les habitants des zones rurales du pays.
Aujourd’hui, l’une des raisons pour lesquelles le service Internet est si inégal dans des endroits comme le Mozambique est que les fournisseurs dépendent de centres de données situés à des centaines, voire des milliers de kilomètres. Nous travaillons avec des pays et des entreprises africains pour y remédier.
La Société de financement du développement international des États-Unis investit 300 millions de dollars dans le financement du développement, de la construction et de l’exploitation de centres de données dans la région, y compris ici en Afrique du Sud.
Nous avons récemment attribué un contrat de 600 millions de dollars pour la construction d’un câble de télécommunications sous-marin qui s’étendra sur plus de 17 000 kilomètres – de l’Asie du Sud-Est au Moyen-Orient, en passant par la Corne de l’Afrique et l’Europe, pour offrir des connexions à haut débit, fiables et sécurisées pour les populations de tous les continents.
Les effets des modalités de la construction de cette infrastructure se feront sentir pendant des décennies. Après tout, nous avons vu les conséquences de la corruption et de la coercition dans le cadre d’accords internationaux d’infrastructure, lorsqu’ils sont mal conçus ou destructeurs pour l’environnement, lorsqu’ils importent ou maltraitent des travailleurs, ou accablent les pays de dettes écrasantes.
C’est pourquoi il est si important pour les pays d’avoir des choix, de pouvoir les peser de manière transparente, avec la contribution des communautés locales, sans pression ni coercition.
Maintenant, depuis qu’ils ont acquis leur indépendance, les pays africains reconnaissent également que le droit des nations à tracer leur propre voie est lié à la garantie du droit des citoyens individuels à faire de même.
Cela m’amène donc à notre deuxième priorité : travailler avec des partenaires africains pour tenir la promesse de la démocratie.
L’écrasante majorité des Africains préfèrent la démocratie à toute autre forme de gouvernement. Des majorités encore plus importantes s’opposent aux alternatives autoritaires à la démocratie. Plus de 70 % rejettent les régimes militaires ; plus de 80 pour cent rejettent l’autocratie, selon l’organisation de sondage Afrobaromètre basée en Afrique.
Les citoyens africains veulent la démocratie, c’est clair. La question – la question est de savoir si les gouvernements africains peuvent faire en sorte que la démocratie tienne ses promesses et améliore la vie de leurs citoyens de manière tangible. C’est un défi qui n’est pas propre à l’Afrique. Les démocraties de toutes les régions du monde y sont confrontées, y compris les États-Unis. Et c’est un problème qui ne sera pas résolu en conservant la même approche.
Voici donc ce que nous allons faire différemment. Nous ne traiterons pas la démocratie comme un domaine dans lequel l’Afrique a des problèmes et les États-Unis des solutions. Nous reconnaissons que nos démocraties sont confrontées à des défis communs, que nous devons relever ensemble, sur un pied d’égalité, aux côtés d’autres gouvernements, de la société civile et des citoyens.
C’est l’esprit qui animait les 100 pays qui se sont réunis pour le Sommet pour la démocratie que le président Biden a organisé en décembre dernier. Il règnera lors du Sommet des dirigeants africains que les États-Unis accueilleront en décembre pour la première fois depuis 2014, offrant une opportunité de créer une meilleure dynamique autour de la résolution des priorités communes.
Nous travaillerons avec des partenaires pour lutter contre les menaces à la démocratie du XXIe siècle comme la désinformation, la surveillance numérique, la corruption utilisée comme arme. Nous lancerons une nouvelle approche de la bonne gouvernance, la loi sur la fragilité mondiale, qui prévoit des investissements pendant dix ans dans la promotion de sociétés plus pacifiques, plus inclusives et plus résilientes dans des zones où les conditions sont propices au conflit, y compris au Mozambique – dont nous avons parlé aujourd’hui – et dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, de la Guinée, du Togo.
Dans chacun de ces endroits, nous commençons par demander à nos partenaires locaux où notre aide peut avoir le plus d’impact. Et nous nous appuyons sur des dizaines d’années de leçons apprises en matière de prévention des conflits, telles que l’entretien des relations entre les dirigeants communautaires, les responsables gouvernementaux et les forces de sécurité, qui sont essentielles pour désamorcer les tensions avant qu’elles n’aboutissent à la violence ; et le renforcement de la résilience aux effets déstabilisateurs du changement climatique, comme les sécheresses plus fréquentes et plus intenses.
Grâce au soutien bipartisan du Congrès des États-Unis, cette initiative peut compter sur un financement de 200 millions de dollars par an – chaque année, pendant 10 ans. C’est le genre d’horizon qui nous permettra de nous projeter au-delà des solutions rapides.
Nous nous concentrerons sur le lien entre démocratie et sécurité. L’histoire montre que les démocraties fortes ont tendance à être plus stables et moins sujettes aux conflits – et que la mauvaise gouvernance, l’exclusion et la corruption inhérentes aux démocraties faibles les rendent plus vulnérables aux mouvements extrémistes ainsi qu’à l’ingérence étrangère. On pense en particulier au groupe Wagner soutenu par le Kremlin qui exploite l’instabilité pour piller les ressources et commettre des violences en toute impunité, comme nous l’avons vu au Mali et en République centrafricaine.
Les États-Unis ont conscience du fait que les pays africains sont confrontés à de réels problèmes de sécurité et que d’innombrables communautés sont touchées par le double fléau du terrorisme et de la violence. Mais la réponse à ces problèmes n’est pas Wagner, ni un autre groupe de mercenaires quelconque. La réponse consiste à mettre en place des forces de sécurité africaines plus efficaces et responsables, qui respectent les droits des personnes, et à lutter contre la marginalisation qui pousse souvent les gens vers des groupes criminels ou extrémistes. La réponse est une diplomatie soutenue pour mettre fin à la violence et ouvrir des voies vers la paix – une diplomatie qui est de plus en plus mise en œuvre par des dirigeants africains, des organisations régionales et des citoyens.
Les pays africains peuvent compter sur les États-Unis pour soutenir ces efforts, comme nous l’avons démontré par notre engagement dans des endroits comme le Tchad, l’Éthiopie, le Soudan, l’est de la RDC, un élément clé de ma visite cette semaine.
Enfin, la réponse réside dans des transitions pacifiques du pouvoir, par le biais d’élections libres et équitables. Les dirigeants africains soulignent de plus en plus l’importance de ces transitions pour la sécurité et la prospérité régionales. Par exemple, la CEDEAO débat de la question de savoir si ses 15 pays membres devraient interdire aux présidents de briguer un troisième mandat. Parmi les partisans les plus virulents de l’interdiction figurent les présidents du Ghana et du Nigéria, tous deux dans leur deuxième mandat.
Demain, les Kenyans éliront un nouveau dirigeant, et les Angolais un peu plus tard ce mois-ci. En 2023, les peuples de la RDC, du Nigeria et du Sénégal iront tous aux urnes. Chacune de ces élections est une occasion pour les citoyens et les nations africaines de réaffirmer que les dirigeants sont responsables devant leur peuple et de renforcer les arguments en faveur de la démocratie dans la région et dans le monde.
Troisièmement, nous travaillerons ensemble pour nous remettre de la dévastation provoquée par la COVID-19 et jeter les bases d’opportunités économiques durables et à grande échelle pour améliorer la vie de nos populations.
Nous savons que la pandémie a porté un coup dévastateur à l’Afrique : des vies perdues, des moyens de subsistance brisés. Plus de 55 millions d’Africains ont été plongés dans la pauvreté par la pandémie, faisant reculer des décennies de progrès durement acquis. Les difficultés économiques ont été encore aggravées par la guerre non provoquée de la Russie contre l’Ukraine.
Même avant que le président Poutine ne lance son invasion totale, 193 millions de personnes dans le monde avaient besoin d’une aide alimentaire humanitaire. La Banque mondiale estime que l’invasion de la Russie pourrait ajouter 40 millions de personnes supplémentaires à ce nombre sans précédent. La plupart d’entre elles se trouvent en Afrique.
Les États-Unis sont présents aux côtés des pays africains dans cette crise sans précédent, parce que c’est ce que les partenaires font les uns pour les autres, et parce qu’aider les Africains à faciliter une reprise généralisée et à renforcer leur résilience face aux chocs futurs est essentiel à notre prospérité commune.
Permettez-moi donc de vous expliquer brièvement comment nous procédons. Nous mobilisons d’autres pays et institutions internationales pour relever des défis clés, comme l’allégement de la dette. En collaboration avec l’Afrique du Sud et d’autres membres du G20, nous avons contribué à l’élaboration d’un cadre commun pour l’allégement de la dette, associant pour la première fois la Chine et d’autres créanciers. Pour la Zambie, cet engagement collectif est sur le point de débloquer 1,4 milliard de dollars dans le cadre d’un programme du FMI conçu pour aider le pays à retrouver une trajectoire économique stable et favoriser une croissance plus résiliente et inclusive pour le peuple zambien.
Nous fournissons également un soutien vital. Depuis le début de l’année, les États-Unis ont envoyé plus de 6,6 milliards de dollars d’aide humanitaire et alimentaire à l’Afrique.
Il y a quelques mois, en mai, j’ai organisé une réunion ministérielle sur la sécurité alimentaire mondiale aux Nations unies pour tenter de rallier les donateurs afin de combler certains des déficits de financement urgents et de permettre aux pays touchés de mettre en évidence les domaines dans lesquels ils ont besoin d’aide. Nos collègues africains ont clairement indiqué qu’au-delà de l’aide d’urgence, ce qu’ils veulent vraiment, c’est plus d’investissements pour la résilience agricole, l’innovation, l’autosuffisance. Nous répondons à ces appels.
Notre initiative Feed the Future investira 11 milliards de dollars sur cinq ans dans 20 pays partenaires, dont 16 en Afrique. Et une nouvelle initiative que nous avons lancée avec les Émirats arabes unis a pour objet de stimuler les investissements et l’innovation dans l’agriculture intelligente face au climat.
Maintenant, il n’y a pas que l’agriculture. Dans un éventail de domaines, les États-Unis travaillent avec des partenaires africains pour tenter de stimuler l’innovation et la croissance. Nous nous appuyons pour cela sur des initiatives conduites par l’Afrique, telles que la Zone de libre-échange continentale africaine qui, une fois pleinement mise en œuvre, représentera le cinquième plus grand bloc économique au monde, ainsi que l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Pensez maintenant à l’infrastructure. Lors de la réunion du G7 qui s’est tenue récemment, le président Biden a dirigé le lancement du Partenariat pour l’infrastructure et l’investissement mondial qui mobilisera 600 milliards de dollars dans le monde entier pour des projets concrets au cours des cinq prochaines années. Les États-Unis se sont engagés à lever 200 milliards de dollars pour cet effort, et nous mettons déjà en œuvre des projets axés sur la santé, l’infrastructure numérique, l’autonomisation des femmes et des filles, l’énergie et le climat.
Pensez à la jeunesse. Hier, j’ai rencontré des anciens du Mandela Washington Fellowship. Depuis que le président Obama a lancé le programme il y a huit ans, plus de 5 000 leaders émergents de tous les pays d’Afrique subsaharienne sont venus aux États-Unis pour y suivre une formation universitaire et en leadership, développer des compétences et, tout aussi important, nouer des relations qui dureront toute une vie. Le réseau YALI plus large qui met à la disposition des jeunes leaders africains des outils, des ressources, et une communauté virtuelle, compte désormais plus de 700 000 membres.
Regardez ce que nous faisons dans le domaine de la santé. En 2003, le président George W. Bush a créé le PEPFAR afin de permettre un investissement transformationnel dans la prévention, la détection, le traitement et la prise en charge du VIH. C’est l’une des plus grandes initiatives, je pense, que les États-Unis aient entreprises de mon vivant. Depuis lors, nous avons investi plus de 100 milliards de dollars dans cet effort, la quasi-totalité dans des partenaires en Afrique subsaharienne. Ensemble, nous avons sauvé la vie d’environ 21 millions de personnes. Nous avons évité des millions d’infections supplémentaires, et cinq millions et demi de bébés sont nés séronégatifs.
Pensez-y. Ce sont des chiffres considérables, et nous avons – nous parlons de chiffres, et cela nous empêche parfois de vraiment comprendre de quoi il s’agit. Chacun de ces chiffres est une vie, un destin, une histoire. Et grâce à ce travail incroyable, ces histoires ont continué, qui vont contribuer grandement au monde qui est le nôtre.
Aujourd’hui, le PEPFAR finance 70 000 cliniques, 3 000 laboratoires, 300 000 agents de santé et d’innombrables ambassadrices DREAMS, qui aident à protéger les adolescentes et les jeunes femmes du VIH, y compris, je pense, certaines qui sont avec nous aujourd’hui dans le public.
Ces actions changent de manière durable la vie de millions d’Africains. C’est ce que nous avons vu pendant la pandémie, quand, en plus de fournir plus de 170 millions de doses de vaccins COVID sûrs et efficaces aux pays africains – gratuitement, et ce n’est pas fini – les systèmes de santé que nous avons édifiés ensemble au fil des décennies ont sauvé d’innombrables vies. Les cliniques que nous avons construites ensemble ont pris en charge des personnes atteintes des cas de COVID les plus graves. Les agents de santé communautaires dont nous avons contribué à la formation ont fait du porte-à-porte, administrés des vaccins. Des partenariats de recherche que nous avons mis en place conjointement sont parvenus à des avancées en identifiant de nouveaux variants et traitements de la COVID.
Pendant ce temps, nos partenariats avec des institutions de santé nationales et régionales, comme les CDC africains, ont facilité la détection et la réponse à de nouvelles épidémies comme notre récente collaboration avec le Ghana pour contenir le premier cas de maladie de Marburg dans ce pays.
Et là où la pandémie a également révélé des lacunes, nous nous efforçons de les combler ensemble.
En février dernier, j’ai réuni les ministres des Affaires étrangères de 40 pays, dont Madame la ministre Pandor, ainsi que des organismes multilatéraux comme l’Union africaine. Nous avons mis en place un plan d’action mondial qui définit les priorités clés, comme la distribution plus équitable des vaccins, et fixe des objectifs concrets. Nous avons ensuite réparti les responsabilités entre nos nations pour atteindre ces objectifs, en tirant parti de nos forces complémentaires. Et nous nous réunissons régulièrement pour veiller à suivre nos progrès.
Avec l’Afrique du Sud, l’Indonésie et d’autres membres du G20, nous avons également créé un nouveau fonds historique à la Banque mondiale et à l’Organisation mondiale de la santé pour la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies. Cela sera essentiel à un soutien durable afin de renforcer la sécurité sanitaire des pays et des régions qui en ont besoin et de briser le cycle de la crise et de la négligence. Nous reproduisons à chaque fois le même modèle de comportement : crise majeure ; nous nous rallions ; nous mobilisons ; la crise est passée ; nous reprenons nos vieilles habitudes. Nous ne pouvons pas nous permettre de le faire, et nous ne le ferons pas.
Nous avons également entendu le désir des pays africains d’être autosuffisants en matière de vaccins. Nous travaillons ensemble pour vous aider à y parvenir. En novembre, j’ai visité l’une des installations de production de vaccins que nous aidons à financer au Sénégal. Et pas plus tard que le mois dernier, la National Institution of Allergy and Infectious Diseases des États-Unis s’est associée à Afrigen pour partager son expertise technique en matière de développement de vaccins à ARNm de nouvelle génération, ainsi qu’en matière de traitements, et cela a lieu ici même en Afrique du Sud.
Toute cette collaboration est dans notre intérêt mutuel, car comme l’a démontré la pandémie, tant que l’un d’entre nous est exposé à des risques, nous le sommes tous.
Cela m’amène au dernier domaine où notre partenariat est crucial : mener une transition vers une énergie propre qui sauve notre planète, s’adapte aux effets du changement climatique et fournit l’énergie nécessaire aux opportunités économiques.
Les Nations unies identifient l’Afrique comme la région du monde la plus vulnérable aux effets du climat. Il n’y a pas si longtemps, nous devions imaginer ces effets. Aujourd’hui, nous les vivons. Vous l’avez vu en avril, lorsque des inondations catastrophiques ont tué plus de 400 personnes autour de Durban. Des tempêtes comme celles qui ont causé ces inondations – elles sont maintenant deux fois plus susceptibles de se produire en raison du changement climatique, et cela ne fera qu’augmenter en fréquence et en intensité à mesure que la Terre continuera de se réchauffer. Comme aux États-Unis, les personnes déjà en difficulté sont les plus durement touchées.
Maintenant, je suis on ne peut plus d’accord avec Madame la ministre des Affaires étrangères : tous les pays ne portent pas la même responsabilité dans cette crise. Les États-Unis comptent environ pour 4 % de la population mondiale ; nous contribuons à hauteur d’environ 11 % des émissions mondiales, ce qui fait de nous le deuxième émetteur après la Chine. L’Afrique subsaharienne, qui représente 15 % de la population mondiale, ne produit que 3 % des émissions. Et historiquement, les grandes économies comme la nôtre ont pris des mesures pour se développer auxquelles nous demandons maintenant aux autres de renoncer parce que nous en avons compris l’impact sur le climat.
Nous reconnaissons que ce déséquilibre impose une plus grande responsabilité à des pays comme les États-Unis, à la fois pour réduire nos propres émissions, mais aussi pour aider d’autres pays à effectuer la transition vers une énergie propre et à s’adapter au changement climatique. C’est pourquoi, lors de la COP26, le président Biden s’est engagé à travailler avec notre Congrès pour consacrer 3 milliards de dollars par an à l’aide aux populations des pays les plus vulnérables pour s’adapter aux impacts du changement climatique. Dans la mesure où l’Afrique subsaharienne compte 17 des 20 pays les plus vulnérables au climat au monde, une grande partie de cette aide lui sera affectée. Et nous entendons nous appuyer sur ces efforts et d’autres lors de la COP27 en Égypte qui se tiendra plus tard cette année.
Aujourd’hui, les dirigeants de l’ensemble de l’Afrique ont clairement indiqué que s’ils s’engagent à faire leur part du travail pour réduire le changement climatique, ils ont besoin d’un accès à l’énergie plus important et plus fiable pour répondre aux besoins urgents et croissants des populations. Nous vous entendons.
Nous savons que cette transition ne se présentera pas de la même manière dans chaque pays ou communauté, qu’elle devra être adaptée aux capacités individuelles et aux circonstances individuelles. Et les États-Unis s’engagent à travailler en étroite collaboration avec vous pour déterminer la meilleure façon de répondre à vos besoins spécifiques en matière d’accès élargi à l’énergie et de développement économique, ainsi qu’aux objectifs climatiques que vous avez fixés. Nous nous engageons également à vous aider à soutenir les travailleurs et les communautés qui supporteront les coûts les plus élevés à court terme du passage à l’énergie propre.
Mais je pense que c’est une erreur de ne penser au climat qu’à travers le prisme des menaces, des fardeaux, ou de présenter cela comme un choix entre la prévention d’une catastrophe et la création d’opportunités. Nous avons une occasion unique d’élargir l’accès à l’énergie et de créer des opportunités, pour les Africains et pour les Américains. C’est ce que veut dire le président Biden lorsqu’il dit : « Quand je pense au changement climatique, je pense à l’emploi ».
Nous montrons déjà comment cela peut être fait. Au Ghana, nous travaillons avec des partenaires pour construire la première centrale hybride solaire-hydraulique d’Afrique de l’Ouest. Elle permettra d’améliorer la fiabilité, de réduire les coûts et d’éliminer plus de 47 000 tonnes d’émissions chaque année. Cela équivaut à retirer environ 10 000 voitures de la circulation. Au Kenya, où 90 % de l’énergie provient de sources renouvelables, les entreprises américaines ont investi 570 millions de dollars dans les marchés de l’énergie hors réseau, et créé 40 000 emplois verts.
Nous travaillons également ensemble pour préserver et restaurer les écosystèmes naturels du continent, essentiels à la réduction des émissions et à la préservation de la biodiversité unique et extraordinaire du continent. Cela signifie offrir de réelles incitations aux gouvernements et aux communautés pour qu’ils choisissent la protection de l’environnement plutôt que la déforestation, et pas seulement des promesses, car les conséquences durables de la perte de forêts comme celle du bassin du Congo, le premier poumon du monde, seront dévastatrices et irréversibles pour les communautés locales comme pour les communautés du monde entier.
Si vous repensez aux priorités que j’ai définies aujourd’hui, en fait, chacune d’entre elles a d’abord été portée par les Africains ; l’interdépendance de notre santé et de notre climat, le principe selon lequel toutes les nations doivent avoir le droit de choisir leur propre destin, l’idée que l’iniquité au sein des nations et entre elles menace notre sécurité et notre prospérité communes. Pendant des décennies, les citoyens africains, les pays africains, le bloc des nations africaines ont promu ces mêmes priorités. Et aujourd’hui, ce sont les priorités du monde, et les citoyens des États-Unis et de toutes les nations ne peuvent que s’en féliciter.
En ce moment même, dans la province de Northern Cape en Afrique du Sud, le plus grand radiotélescope du monde, le MeerKAT, capture certaines des vues les plus détaillées que nous ayons jamais eues de l’espace. Une série d’images diffusées en janvier montre des explosions cinétiques d’énergie – des rouges et des oranges incandescents – générées par une centaine de millions d’étoiles dans la Voie lactée, à 25 000 années-lumière.
La production d’une seule de ces images a exigé 70 téraoctets de données. Il a fallu trois ans pour les traiter, dans le cadre de la recherche de pointe menée ici même en Afrique du Sud. Et cela dans un pays où, comme l’a écrit un universitaire, et je cite : « Avant 1994, l’investissement public… était en grande partie un instrument pour faire avancer les objectifs du gouvernement de l’apartheid. » Soit dit en passant, c’était la docteure Pandor qui écrivait lorsqu’elle était ministre de la Science et de la Technologie. (Applaudissements.)
Lorsque les images de MeerKAT ont été publiées, le directeur scientifique de l’Observatoire sud-africain de radioastronomie a déclaré : « Les meilleurs télescopes élargissent nos horizons de manière inattendue ». Pensez un instant à tous les horizons élargis par ces images. Pensez aux scientifiques du monde entier qui se servent des données de MeerKAT pour résoudre les plus grands mystères de l’existence humaine, comme l’existence éventuelle de la vie ailleurs que sur la Terre. Pensez aux écoliers sud-africains qui visitent régulièrement les antennes massives de MeerKAT-64, et imaginez toute l’inspiration dont elles sont la source.
Ce qui est vrai des meilleurs télescopes est vrai des meilleurs partenariats : ils élargissent nos horizons de manière inattendue, pour résoudre des problèmes, oui, mais aussi s’émerveiller, explorer, inspirer. Les nations africaines et les États-Unis peuvent faire tellement plus ensemble dans tant de domaines, y compris certains que nous n’avons peut-être même pas encore découverts. En tant que partenaires, cet horizon nous appartient.
Merci beaucoup. (Applaudissements.)
Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/vital-partners-shared-priorities-the-biden-administrations-sub-saharan-africa-strategy/
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.